DÉSORMAIS MON BLOG CHANGE D'ADRESSE : IL EST

J'OUBLIAIS

On est allé aussi, pendant ces vacances au Groenland, à un concert de piano, pas mal du tout, dans une petite église paumée, ce qui est un peu un pléonasme puisque là bas toutes les églises sont petites et paumées, et donc celle là était près de la maison de Prévert, ce qui fait qu'à chaque carrefour en gros on avait droit à une citation de ce poète que je conchie parce ce que prévert c'est le paresseux de base et l'écriture automatique dans toute sa merdeuse et gauchiste splendeur je ne supporte pas. En tout cas au début le concert je voulais pas y aller (qu'est ce que j'écris bien) mais en fait c'était pas si mal et surtout c'était organisé par des anglais (là mon père passe derrière l'ordi, me demandant si je fais mes adieux à la scène virtuelle…) richissimes qui roulaient en maserati et surtout l'ouvreuse avait un dos nu rouge gucci à imprimé noir et blanc, et des escarpins louboutin noirs pas mal du tout, et puis le programme était sympa aussi, très classique (debussychopinlisztbrahms).

Et puis il y a eu un spectacle grandiose sur la plage : la famille (recomposée) de beaufs. Il faut savoir que la plage où se déroule la scène fait six kilomètres de large, pour cent touristes suicidaires. Et bien il a fallu que ces connards se mettent devant nous. Mais au moins on a profité du spectacle. D'abord les parents : lui, gros, les cheveux ras, le marcel ; elle, vêtue comme sa masse à trois chiffres le lui permettait. L'aîné, dans un complet en plastique aux couleurs du Racing Club de Lance (rouge et orangeasse criard, pour ceux qui ne regardent pas le foot comme moi et qui sont donc des gens intelligents et cultivés (enfin pas tous non plus) comme moi), maigre, cheveux longs et lustrés par la graisse, portant des lunettes maintenues par un bandeau en forme de boudin noir qui assurait également l'ingrate tâche de serre•tête. Le cadet, aussi gros que sa mère, en moule bite. Le dernier, seul blond de la famille, maigre et portant le maillot qu'il convient de porter chez ces gens là. Les parents s'installèrent, et, n'ayant ni le portefeuille ni le bon goût pour écraser leurs vergetures sur une serviette hermès, ils sortirent une natte réversible qui peut aussi faire pare•soleil et, comble du beaufisme, elles étaient agrémentées d'un oreiller gonflable. No comment. L'aîné, lui, gonfla son matelas gonflable, tout à fait de circonstance, aux couleurs du RCL. Et comme le dit desproges, ils n'osent pas penser qu'ils s'ennuient. Alors l'aîné et le cadet jouent au foot avec une agilité pédestre qui témoignait de leur pas si hypothétique que ça bêtise. J'ai toujours eu un profond mépris pour ceux qui savent se servir de leurs pieds. La mère sortit ses mots fléchés sur Brad pitt et sa pute siliconée et tatouée, et le mari, désœuvré, entreprit de passer sa paluche délicate sur la vaste étendue de chair flasque de sa dulcinée, allant même jusqu'à la promener dans le maillot même. Le benjamin posa alors une serviette chaste, aux couleurs du racing club de lance, sur les jambes gargantuesques de sa mère. C'atait extraordinaire. Bien sûr, pas un ne s'est baigné.

L'ÉTÉ MONDAIN

Je suis parti deux semaines au bout de la France, non loin de Cherbourg. Me retrouvant coincé entre mon père muet et mes trois mères, je regrettais plus que jamais mes amis, mes chers amis : Clé, la Duchesse de Guermantes, Piotr et Fafa. Ironie du sort, ils hantent mon séjour. C’est au supermarché que je vois les premiers abricots, puis un détergent puissant qui ressemble à ma vie virtuelle, puis un mot énorme : baguette, sur le frontispice du rayon boulanger du supermarché. Car à peine arrivés il a fallu passer par cet endroit où se piétinent les ploucs et les allemands. J’avais envie d’en tuer, surtout que j’ai découvert les biscuits pour adultes (ça doit être des biscuits porno), ou encore mon premier danone au lait infantile mais qui donc ont-ils trait pour obtenir ce fameux lait ???

Alors moi je boude au rayon glace (glace Nemo, glace pirate des caraïbes, glace winnie l’ourson…) quand mon regard las s’aimante sur une paire d’escarpins noir vernis. Mon cœur tressaille, on ne sait jamais, et je remonte : horreur, elle est grosse comme un balai, avec des habits de provenance incertaine quoique sans doute est-berlinoise, portant des lunettes disgracieuses. Horreur. Dégoûté je compose un poème désespéré :

je ne verrai pas
tes épaules michel angéliques
ni ne cueillerai tes chevilles légères
car nous n’irons pas ensemble
aimer le carmin couturier
près de la demeure des rois
qui vécurent les arts


Heureusement en zappant je tombe sur un Maigret fait de soupirs nasaux et de tic tac de pendules lasses de cheminées, et je me suis dit Piotr qu’on pourrait faire une parodie…J’ai enfin vu les noces funèbres de Tim Burton, qui est sans doute son meilleur avec Edward.

Un soir on est allé au resto de fruits de mer (beurk) où la serveuse devait être une vieille miss normandie ’67 décatie et sûre de ses feus appas, qui me faisait légèrement penser à une chaussette qui m’enseignait jadis la langue de Tucholsky aux côtés d’un panier d’abricots romantique tique taine.

Sur la plage on a retrouvé les D qui sont grandioses et qui se foutent de notre 807 bleu marine par eux baptisé(e) Tradibus c’est pas mal du tout. Comme il y a une centrale nucléaire près du village la région est pétée de tunes en gros tout est gratuit, et donc on a eu droit a un terrain de rugby gonflable et provisoire sur la plage, malheureusement peuplée de beaufs finis et oui ils sont partout c’est terrible. Moi atrocement seul je cherchais des nymphes sur la plage mais c’était peine perdue. Je ne vis que de jeunes poufiasses qui exécutaient régulièrement un geste que j’abhorre : la mise en valeur du double menton. Ce geste consiste à coller son menton sur sa gorge, faisant ainsi apparaître les bourrelets du dit menton, afin de vérifier la présence ô combien utile des protubérances mammaires de la poufiasse sus décrite. Je hais ce geste parce que déjà Clé n’a pas de double menton et qu’en plus ça fait vraiment oulala j’ai des seins c’est trop de la balle.

Dégoûté j’opérais une rotation oculaire de –π/6 rad, et là j’admirais LE couple de beaufs. Un homme d’une cinquantaine d’années et sa douce. Tous les deux bronzés comme pas possible. Lui, en moule bite, avec gourmettes et cheveux ras tel Jean Marie Bigard ; elle, agençant ses cheveux comme son homme, les seins à l’air, vaguement couverts par des bijoux ignobles qu’on gagne avec l’abonnement à TéléZ. Une horreur.

Heureusement peu de jours après (j’ai boycotté les JO parce que je hais les [censuré] ) on a organisé avec les D notre grand phantasme : un dîner de desserts. On était douze, il y avait sept desserts : un moka au café terrible, un tiramisù gargantuesque, un saucisson en chocolat, des œufs à la neige, des marquisettes, une tarte aux pommes histoire de baisser la moyenne, et un gâteau au chocolat noyé de chantilly, le tout maison. Et puis, pour aérer tout ça, de l’alcool de mirabelle à au moins 34 degrés, sans étiquette ni date, la bonne vieille bouteille qui ramone, sucrée comme un jus de fruit, avec en plus le goût de la mirabelle. Grandiose.

Le lendemain soir, mariage, lui aussi très puissant. Perdu au dessus de Caen, à Hermanville pour être précis. On est passé par un village flaubertien du nom de St Aubin, avec des noms de rues pas mal flaubertiens aussi comme la rue du chat qui dort ou la rue du puits bien fait. N’empêche que c’est mieux que les place Marx et les avenue du Gal de Gaulle (par contre Jaurès je veux bien j’adore les rues et avenues Jean Jaurès allez savoir pourquoi). Le mariage en lui même était très intime et artistique puisque les vitraux étaient de Mondrian, la mariée paysagiste et le marié peintre, altiste et cinéaste à ses heures perdues. J’ai revu plein d’amis artistes, on a bien ri, la réception était superbe, dans un grand jardin plein de pommiers, et là ma sœur me dit c’est quand même parfait une mariée dans l’herbe je ne comprends pas pourquoi. Moi non plus je ne comprends pas pourquoi, mais je reconnais que c’est très beau. J’étais très urbain comme disait É, mais la sono était un peu décevante genre musique de monoprix rayon fruits et légumes, donc du coup on a pas beaucoup dansé, il y a vaguement eu MIKA à un moment qui fut très bref, mais c’est toujours mieux qu’Indochine. Quoique.
Ensuite j’ai vu KillBill deux, bien meilleur que le premier quoiqu’en dise la plupart de tout le monde…

Un jour que je lisais un livre pour ma prépa à visage humain, mes trois mères diminutives rentrent de la plage et la Mère N°1 me dit : ah mère n°3 nous a raconté l'après midi à paris avec ton amie sac d'os on a bien ri. Que répondre ? Dois je sourire ? Demander ce qui a déclenché l'hilarité ? Je n'ai rien fait de tout cela, anesthésié par l'horreur de la phrase. Ton amie sac d'os. J'ai mis du temps à faire le lien avec le rêve éveillé dans le sixième. Et aussi avec l'une des plus belles parisiennes. Pour moi la plus belle mais je sais que c'est subjectif comme avis. Je signale que la déesse vivante à qui je consacre moult lignes sur cette page bleue n'est ni un sac d'os, ni une rescapée de sobibor ni même une anorexique. Non, c'est juste que Clé a le même tour de taille que Claudia Schiffer (qui aurait dû rester chez ferragamo soit dit en passant) mais sans les cheveux blonds ni les yeux bleus ni tout ce que j'aime pas chez elle. Ton amie sac d'os. En plus elle a même pas mentionné la douce duchesse de guermantes !!! C'est n'importe quoi. On dirait que clé et moi on est allé(s ?) à pigalle tailler des pipes à des vieux gays anorexiques !! on était cinq quand même. merde.